La récente dissolution de l'Assemblée nationale a jeté une ombre d'incertitude sur de nombreux secteurs, y compris celui de l'immobilier. Le calendrier serré pour la mise en place des Diagnostics de Performance Énergétique (DPE) collectifs y suscite en effet des inquiétudes majeures parmi les professionnels. Ces diagnostics, rendus obligatoires par la loi Climat et Résilience de 2021, sont censés être déployés à un rythme accéléré et couvrir des millions de logements à travers le pays.
D'ici au 1er janvier 2025, toutes les copropriétés de 50 à 200 lots devront avoir réalisé un DPE collectif. D'ici à 2026, cette obligation s'étendra aux copropriétés de moins de 50 lots. Ce diagnostic est essentiel, car il évalue la performance énergétique de l'ensemble d'un bâtiment, y compris les parties communes, et permet aux copropriétaires de planifier efficacement des travaux de rénovation énergétique.
Cependant, la réalisation de ces DPE s'avère plus complexe et chronophage que prévu. Yannick Ainouche, président de la Chambre des diagnostiqueurs de la Fédération nationale de l'immobilier (CDI Fnaim), explique ainsi que l'inspection complète d'un bâtiment nécessite un examen minutieux de tous ses composants, ce qui prend nettement plus de temps que les diagnostics individuels. De plus, beaucoup de copropriétés semblent attendre le dernier moment pour demander ces diagnostics, ce qui risque de saturer les capacités des diagnostiqueurs à l'approche de l'échéance.
Le coût des DPE collectifs, bien que relativement plus bas par unité que les DPE individuels, est souvent perçu comme prohibitif par les copropriétaires, qui sont également découragés par la rapidité avec laquelle les régulations changent. Gilles Frémont, président de l'Association nationale des gestionnaires de copropriété (ANGC), note que bien que la majorité des copropriétés finira par respecter la loi, l'enthousiasme pour ces diagnostics reste faible.
En outre, bien qu'il n'y ait pas de sanctions pénales pour le non-respect de ces obligations, les risques juridiques ne sont pas négligeables. Un DPE collectif manquant peut en effet affecter la valeur des biens et, en cas de litige, la responsabilité du syndicat des copropriétaires pourrait être engagée si des problèmes énergétiques dans les parties communes sont révélés par un DPE individuel.